Pablo Picasso avant le cubisme
-La période bleue 1901-1904-
« L’histoire ne connaît guère d’artistes qui soient devenus le symbole de tout un siècle. C’est pourtant le cas de Picasso.[1] » Peintre, dessinateur, graveur, lithographe, sculpteur, céramiste… le nombre d’oeuvres créées par cet artiste n’a toujours pas été établi de façon exacte, mais nous sommes en droit de l’estimer à plus de trente mille. D’ailleurs, trois musées se sont consacrés exclusivement à cet artiste. Ses oeuvres, réparties à travers le monde, vont au-delà de la simple évocation de l’art du 20e siècle; elles en sont devenues les icônes.
La période bleue de Picasso est certes connue du grand public. Les oeuvres y sont facilement reconnaissables, en raison des teintes monochromes qui prédominent dans les tableaux. Par contre, ce qui est moins connu, ce sont les raisons qui ont poussé l’artiste dans cette voie malgré un précédent succès commercial, et en pleine période de l’élaboration du fauvisme. Les thèmes représentés dans les tableaux se situent dans la lignée d’une évolution avant-gardiste amorcée au milieu du 19e siècle. L’artiste met en scène la faune des cafés et des bars de nuit, les putains et les mendiants, dans des décors extrêmement suggestifs et habiles. Dans l’oeuvre La vie (1903), où la dominance du bleu devient presque menaçante, une construction picturale planifiée a évolué au fil de nombreux croquis. L’histoire de ce tableau est particulièrement intéressante. Bien qu’il souhaitait originalement se positionner dans le tableau, Picasso a finalement désigné Carlos Casagemas comme personnage masculin. Ce dernier, qui était un ancien camarade de l’artiste catalan, a mis fin à ses jours en 1901, à la suite d’une déception amoureuse. Cette nouvelle a profondément affecté Picasso, qui reprit le motif dans plusieurs tableaux, comme pour l’aider à surmonter cette épreuve. Pour en apprendre davantage sur la construction de cette oeuvre, vous pouvez vous rendre sur le site du Cleveland Museum of Art qui présente une courte vidéo explicative. (http://www.clevelandart.org/blog/2014/10/15/process-picasso)
[1] Walther, Ingo F., dir. Picasso. Taschen, Köln, 2007, page 9
Véronique Bibeau, artiste et rédactrice pour NECT’ART
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