RÉFLEXIONS SUR LA PSYCHOLOGIE DE L’ART : CHRONIQU’ART JUIN 2015

RÉFLEXIONS SUR LA PSYCHOLOGIE DE L’ART

QUELQUES ENNEMIS DE LA CRÉATIVITÉ I : LES ABSOLUS ET L’ESPRIT CRITIQUE

Dans mes articles précédents, j’ai traité de l’apparition spontanée et du développement volontaire du processus de créativité chez l’humain. J’ai tenté d’expliquer qu’il est possible, grâce à l’utilisation systématique de la métacognition, que l’on peut stimuler par le procédé du remue-méninges, d’accéder à une prise de conscience originale de la réalité qui nous entoure, à ce qu’on pourrait appeler un niveau «supérieur» dans l’interprétation de cette réalité. Aujourd’hui, je veux mettre mes lectrices et lecteurs en garde contre quelques embûches qui nous guettent dans cette recherche de créativité.

Le premier obstacle qui se pose quand on tente d’atteindre l’originalité créatrice est celui de l’absolu, ou, plus précisément, des absolus. Le psychologue que je suis a depuis longtemps été fasciné par la quantité astronomique d’obligations «absolues» que l’humain s’impose et, le plus souvent, s’invente. Dans les faits, ces absolus s’expriment par deux verbes et deux adverbes, à savoir : falloir et, devoir; toujours et jamais. Combien de fois en effet justifions-nous notre comportement par des affirmations du type : «Je dois toujours être à l’heure», ou encore : «Il ne faut jamais dire ceci… ou faire cela»? Et, chaque fois que nous utilisons ce genre de formules, nous augmentons notre niveau d’anxiété et sabordons notre créativité. Mais, si on y réfléchit un peu, on réalise que la quantité d’obligations absolues auxquelles nous devons nous soumettre est très restreinte; en fait, à la limite, il s’agit uniquement de ces cinq actions : respirer, boire, dormir, manger et… évacuer. Toutes les autres obligations auxquelles nous pensons devoir nous soumettre sont dictées par des conventions sociales que nous avons, au cours des siècles, fabriquées de toutes pièces. Dans le domaine de l’art et de la créativité, en particulier, l’ennemi numéro un est sans aucun doute l’éducation… Attention! je ne dis pas que l’éducation est en soi une action répréhensible, bien au contraire, mais je maintiens que les obligations que cette éducation nous impose viennent trop souvent freiner notre créativité. Et je donne pour exemple celui de la poésie qui, en modifiant, en torturant et en redéfinissant les règles de la grammaire, de la syntaxe, de la sémantique et même de l’orthographe, crée de nouvelles significations aux mots eux-mêmes.

Autre ennemi majeur de la créativité : l’esprit critique qui, se caractérisant par une insatisfaction parfois permanente de l’artiste envers ses propres idées, est très souvent présent lors de la mise en branle du processus créateur. Comme dans les autres sphères de notre activité, la présence de sentiments et de velléités perfectionnistes dans la sphère artistique nous amène à nous juger nous-mêmes, et, parfois, avant même d’avoir commencé à produire ou à créer. Et, bien entendu, ce jugement que nous portons sur nos projets de création se veut le plus souvent négatif… S’il ne l’est pas, tant mieux, mais n’oublions pas qu’il est bien préférable d’être que de juger et, en particulier, de se juger soi-même. Or il est relativement facile d’éviter cet écueil cognitif en laissant aux autres le soin de juger de la valeur et de la créativité de sa production artistique. De toute façon, ils ne se gêneront pas pour le faire !

henri-martin-laval

Henri Martin-Laval,

Psychologue et artiste graphique

http://henriml.com/

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